Le langage est constitué essentiellement de sons émis par le locuteur ou sujet parlant à l'intention d'un auditeur ou d'un interlocuteur.
À la lecture de ton deuxième paragraphe, bien court au demeurant, j'ai immédiatement voulu me précipiter vers les paragraphes portant sur les adverbes : décidément, le choix de essentiellement me tracasse. Qu'en est-il du reste du langage, dis-moi? J'ai suffisamment de mémoire pour me souvenir que la linguistique est essentiellement l'étude du langage parlé, mais je dois t'avouer que je te trouve d'emblée carrément injuste de me titiller ainsi. Tu me diras que j'aurais avantage à me faire titiller de plus avantageuse façon que la présente, mais là n'est pas la question; qui plus est, ce n'est pas tout à fait tes oignons. D'ailleurs tu commences déjà à faire toi-même des renvois à d'autres paragraphes. Et si moi je voulais déjà savoir ce que tu entends par la notion de syntagme que tu abordes plus loin, hein? Mais quelle est cette manie qu'ont les ouvrages encyclopédiques de prévoir un système de renvois entre les articles, de voir la connaissance comme un ensemble cohérent, un dialogue?
Or j'ai entrepris ma quête dans l'optique de la connaissance linéaire! Tu bousilles mes plans. Inadmissible! Encore ici, tu me diras peut-être que, exception faite de mon emploi intempestif de la prolepse1, encyclopédie renferme l'idée de globalité, d'embrassement du savoir, étymologiquement parlant, et non d'un savoir linéaire (autrement dit, que le savoir est synchronique et non diachronique), et que ton ouvrage n'est pas encyclopédique mais, considérant l'aveu de mon ignorance au précédent billet, je me trouvais plutôt ici avisé de faire ce genre de digression pour étaler les deux ou trois mots savants que je connais et faire une phrase syntaxiquement correcte de quatre-vingt-onze mots, les mots qui suivent mots (le premier, pas le deuxième) exclus, ce qui fait, en vérité, bien plus de quatre-vingt-onze mots, mais à ce compte, on n’arrivera jamais au nombre exact.
Je dois cependant admettre qu'en écrivant à l'intention de, t'as visé juste. Je sais qu'il n'est pas facile de définir des termes aussi vagues que langage, du moins suffisamment vagues pour justifier l'existence de départements dans nos universités. Mais là, chapeau! En effet, la communication participe toujours d'une intention, intention qui, il va de soi, n'est pas toujours saisie par l'interlocuteur dans un dialogue de sourds, à plus forte raison de l'auditeur lorsqu'il s'agit du conjoint type. J'en prends pour exemple les miaulements remplis d'intention mais jamais entendus de ce pas très affectueux tube digestif à poil qui me sert de chat (non, il ne s'agit pas dudit conjoint type).
Par ailleurs, tu me vois tout gaillard d'avoir trouvé une première information beaucoup trop imprécise dans ton ouvrage! Tu as beau prétendre que les sons forment des unités de sens que l'on nomme grossièrement mots mais précisément monèmes, ou morphèmes sous l'influence de nos voisins du Sud (les miens, pas les tiens), il y a un mec qui dit qu'« il ne faudrait pas conclure que "monème" n'est qu'un équivalent savant de "mot"2 » et qu'« il vaut mieux éviter le terme ambigu de "morphème"3 ». Eh bien moi, je crois qu'il a raison. Tu sais pourquoi? Parce que ça t'en bouche un coin!
Non mais vraiment, mon Fol usage sera un concours de celui qui pisse le plus loin ou ne sera pas.
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1 « Prévenir les objections en se les faisant à soi-même et en les détruisant d'avance. » (DUPRIEZ, Bernard. Gradus. Les procédés littéraires, Paris, Union Générale d'Édition (coll. « 10/18 »).
2 MARTINET, André. Éléments de linguistique générale, Paris, Armand Colin (coll. « Cursus »), p. 16.
3 Ibid.
3 commentaires:
Ergo propter hoc, je parie que tu peux pisser plus loin que M. Grévisse.
Sincères félicitations!
Monsieur Grévisse qui nous renvoie d'un paragraphe à l'autre de son ouvrage, pour moi, c'est pareil comme Pierre-Karl qui nous renvoie d'un journal à potins à un autre et ça s'appelle de la CONVERGENCE!
Monsieur Grévisse serait-il à la langue ce que Québécor Média est à l'information?
Misère, ça ne sera pas facile...
Il faut s'insurger et dénoncer, c'est évident!
;-)
François : Cependant, il a l'avantage de pisser sous terre, ce que ne peut malheureusement pas faire, même si je vis dans un sous-sol.
Pascale : Je n'avais jamais vu le problème sous cet angle, mais ce n'est pas faux! Il n'est pas vraiment possible d'acheter une moitié de l'ouvrage sans devoir acheter l'autre!
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