lundi 17 décembre 2007

Du fol usage, paragraphe 23 : ma congère est plus grosse que ton banc de neige

Mon cher,

Voilà, c'est quand même un peu chiant, le paragraphe 23 n'est qu'un tableau des voyelles françaises, des voyelles en phonétique à plus forte raison! Et, quoique la distinction entre les voyelles labiales et non labiales m'apparaît vachement intéressante, je me vois mal discuter ne serait-ce qu'une phrase de plus de ces notions qui, somme toute, sont difficiles à placer dans conversation entre le bœuf bourguignon et la tarte au citron.

C'est pourquoi j'en profite pour parler du sujet de l'heure dans ces quelques arpents de neige en Amérique : les quelques arpents de neige dans mon entrée de voiture. M. Arouet avait peut-être raison, le pauvre.

En fait, je suggère la remise au goût du jour d'un terme noble pour désigner les amas de neige entassés par le vent ou la pelle frénétique et revancharde du Québécois moyen encore étonné de voir de la neige en hiver. Au pays de l'or des fous, on a substitué le rustre banc de neige à la très latine congère dans les conversations autour du pot-au-feu ou du café fade des tours à bureaux.

Certains diront que c'est outrageusement pédant, et qu'employer ce terme est le meilleur moyen d'être mis au ban d'une société dans laquelle le banc de neige fonde encore aujourd'hui l'essentiel des bulletins télévisés et des conversations hivernales autour du café fade des tours à bureaux.

Soit. Mais c'est tenir pour acquis que vos interlocuteurs comprendront de quoi vous parlez.

Au contraire, si vous choisissez bien votre société, ce terme aura l'avantage de confondre vos interlocuteurs. S'ils vous en demandent la signification, ce qui est peu probable considérant la difficulté pour les ignorants d'avouer leur ignorance, soyez inventif. Par exemple, prétendez que congère est du vieux français pour congénère. La démonstration de votre culture vous permettra de faire passer le vin cheap que vous avez amené à vos hôtes pour un vin rare. Avec un peu de chance, vous les impressionnerez suffisamment pour rendre cocu le mari entre la dinde et le caramel mou.

C'est peut-être pas convaincant, dit comme ça, mais le Secret, c'est qu'il suffit d'y croire.

Allez, plus que 1082 paragraphes.

2 commentaires:

Tellinestory a dit...

"Congénère contre cons
génère une rime en on"
(la tordue)

Butterflies in my stomach a dit...

J'ai pensé à toi aujourd'hui. Dans mon cours de microbio, le prof racontait que les congères de la sierra Nevada en californie sont teintées de rose à cause d'un microorganisme. Il dit:

Les congères de la sierra Nevada...vous savez, des congères...comme une accumulation de neige...

et il a probablement vu que 90% des étudiants ne comprenait pas ce mot, il a ajouté, sur un ton légèrement résigné:

enfin une congère...ben en fait c't'un gros banc de neige finalement

Ben moi je savais qu'est-ce c'était grâce à toi, je dois l'admettre! ;-)